Black Richita



Noir Richita, le titre même est une rhétorique du doute, de cette entre-vision, entre mondes, de ce  concept du gris, ce n’est pas noir-noir que «Noir Richita», mais noir et autre chose. Un noir qui vient de quelque part de Richita, un nom propre qui ne veut rien dire au premier abord.

Le gris de Roxana Sima est aussi un blanc sale, un noir dissout. Quelque chose est dissout, mélangé, du noir et du blanc, du blanc sale, du gris encore. Dans les œuvres présentées à L’Ove, il est aisé de voir ce mélange : de la graisse, du charbon et de la peau de marmotte dans des bocaux. Roxana Sima envisage le dessin comme indissociable du corps nous l’avons vu plus haut, mais aussi inséparable de son environnement naturel, insistant sur une dimension concrète, tridimensionnelle du dessin, dimension attribuée plus facilement à la sculpture. Le dessin est un corps en soi.

C’est ainsi que, ces rouleaux dessinés deviennent sculptures et que dans une sorte de bricolage sacré, l’artiste roumaine produit des sculptures avec des matières organiques : bocaux remplies ou vessies de porc fourrées de savon. Avec des gestes absurdes qui interrogent la fonction et place de l’artiste, elle semble utiliser les énergies des matières pour produire des œuvres de sorcier qui pourraient influencer les énergies du monde. Comme si l’artiste au même titre qu’un sorcier avait la même fonction de réguler les énergies en déjouant les règles, Sima se positionne comme une artiste sorcière, une figure subversive et turbulente, une « femme-limite ». Mais le doute persiste et dans le doute s’exquise un sourire.  Roxana Sima nous invite à abandonner la raison pour rejoindre l’ambigüité, le gris, la frontière, la ligne.

Artiste Roxana Sima
Exposition en novembre 2014 au LÔV, Neuchâtel